Une « période sans nom » : les années 1780-1820 et la fabrique de l’histoire littéraire

Colloque international organisé par l’équipe Littérature et herméneutique (PLH) de l’Université Toulouse II

 

en collaboration avec le C.E.R.E.D.I (Université de Rouen), l’Institut universitaire de France et le C.E.R.I.L.A.C. (Université Paris-Diderot) et la Société des études staëliennes 

 

les mercredi 2 avril, jeudi 3 avril, vendredi 4 avril 2014

 

Responsables scientifiques : Fabienne Bercegol, Florence Lotterie, Stéphanie Genand

 

 

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    Ce colloque international de trois jours est organisé par Fabienne Bercegol (Professeur à l’Université Toulouse-Le Mirail), avec l’aide de Florence Lotterie (Professeur à l’Université Paris Diderot-Paris VII) et de Stéphanie Genand (Maître de Conférences à l’Université de Rouen, membre de l’Institut Universitaire de France). Il est le fruit d’une collaboration scientifique entre plusieurs équipes de recherche et sociétés savantes : PLH (« Patrimoine, Littérature, Histoire », Université Toulouse-Le Mirail), CERILAC (« Centre d’Étude et de Recherche Interdisciplinaire de l’UFR Lettres, Arts et Cinéma », Université Paris VII), CEREDI (« Centre d’Études et de Recherche, Éditer/Interpréter, Université de Rouen), Société des Études staëliennes. Il s’inscrit dans le prolongement de la réflexion menée depuis deux ans dans le cadre du séminaire mensuel de la composante ELH (« Équipe Littérature et Herméneutique ») de l’équipe PLH (« Patrimoine, Littérature, Histoire »). Ce séminaire se propose de « repenser l’histoire littéraire » en interrogeant la notion de « norme » et d’« écart ». En faisant appel à des spécialistes venus de France et d’autres pays, le colloque a pour but de confronter cette réflexion d’ordre épistémologique sur l’histoire littéraire aux questions que pose une époque complexe, difficile à cerner, et de fait souvent sacrifiée dans la présentation de la littérature française : les années 1780-1820, pour lesquelles, précisément, on ne dispose pas de nom susceptible de les désigner en les unifiant sous une étiquette commune. Ces années invitent ainsi à questionner la pertinence des outils et des objets choisis par l’histoire littéraire, à mesurer le danger de l’illusion finaliste, et plus généralement, à examiner les conditions de construction d’un discours qui puisse minorer ou mettre en valeur une période. C’est donc cette discussion sur ce qui doit fonder l’histoire littéraire que nous souhaitons placer au cœur de ce colloque. Dès lors, ces journées auront moins pour but de proposer un nouveau tableau de la production littéraire de l’époque que de réfléchir aux questions que cette époque a posées et continue de poser à l’histoire littéraire et à ses méthodes. Deux axes seront privilégiés :

    On s’intéressera à l’histoire littéraire de ces années 1780-1820 telle qu’elle s’est constituée ensuite, dans le discours critique du XIXe et du XXe siècle, sous la plume des écrivains ou des professeurs. L’enquête tentera de montrer quels processus de légitimation ou de délégitimation des œuvres et des auteurs ont peu à peu façonné l’histoire littéraire de cette période et décidé de leur destin mémoriel. L’exploration de certaines pistes mérite sur ce point d’être prolongée : on sait combien le discours critique sur cette période est resté dépendant des positions idéologiques (politiques, religieuses, sociales) des écrivains et de leurs commentateurs. Le lien est donc à approfondir entre la fabrique de l’histoire littéraire et les scansions proprement politiques de l’historiographie. Par ailleurs, en raison du discrédit dont a souffert l’abondante production féminine, les années 1770-1820 offrent un bon exemple de mémoire dominée et restent une période de choix pour poser les fondements d’une approche genrée de l’histoire littéraire.

    On interrogera notre propre démarche d’historien de la littérature et de critique pour réfléchir aux moyens de mieux cerner cette période dans sa singularité et de la rendre plus visible. Comment repenser son historiographie, après les travaux déterminants de François Furet et les polémiques qu’ils ont soulevées ? Comment l’inscrire dans une actualité critique dominée depuis les années 2000, entre autres courants, par les cultural studies ? Quelle méthode critique adopter face à des œuvres qu’on fait souvent relever d’une « littérature d’idées» et qui sans doute entrent mal dans la définition moderne de l’intransitivité de la littérature ? Bref, quels enseignements peut-on tirer, pour l’épistémologie de l’histoire littéraire, des obstacles rencontrés dans le traitement d’une période qui fait apparaître les écueils de la périodisation, du classement par genres, de la domination du canon, d’une approche exclusivement poétique des textes et qui continue d’illustrer notre difficulté à lier la réflexion historique à la dimension esthétique.