Activités de la Société en 2007


Sommaire

 

Samedi 17 mars 2007 : assemblée générale et séance de travail

à la Fondation Simone et Cino del Duca, 10, rue Alfred de Vigny - 75008 Paris.

 

17 mai 2007 : pèlerinage de l'Ascension (visite du château de Champlâtreux et de Senlis, sur les pas de Mathieu Molé) 

 

30 juin 2007 : Journée colloque et CLXVI e réunion de travail, "Le voyage en Orient après Chateaubriand"

 

2 octobre 2007 : Rencontre d'automne.

 

Samedi 6 octobre 2007 : 1er atelier Chateaubriand à la Vallée-aux-Loups.


Descriptifs des événements


 

1er Atelier Chateaubriand

samedi 6 octobre 2007

La Vallée-aux-Loups 

 

Cette année, une nouvelle activité est venue s'ajouter à nos traditionnelles rencontres. Répondant à l'initiative de quelques-uns de nos jeunes membres, le comité directeur a décidé d'organiser un atelier consacré à Chateaubriand, sous la forme d'une journée où des chercheurs présentent un travail en cours, dans un cadre informel.

 

Ce premier atelier s'est réuni samedi 6 octobre dans la bibliothèque de la Vallée-aux-Loups. Les participants y ont été chaleureusement accueillis par son directeur, M. Jean-Paul Clément, par M. Bernard Degout et par M. Guy Berger. Dans un cadre propice aux échanges et aux débats, la journée s'est déroulée dans une atmosphère studieuse et cordiale. Un déjeuner a réuni les participants dans l'orangerie et, au terme de la journée, Bernard Degout a présenté les fonds de la bibliothèque de la Vallée-aux-Loups.

 

Chacun des participants a présenté un aspect d'un travail en cours : thèse, livre ou article en préparation, présentation. Les interventions ont donné lieu à des discussions animées et fructueuses. Les brefs résumés qui suivent rendent compte de ces travaux encore en chantier, mais qui devraient être publiés sous leur forme définitive dans un avenir proche.

 

Philippe Antoine : « Promenades et paysages ordinaires »

 

Projet de livre en cours.

 

Lorsqu'on évoque les talents de Chateaubriand paysagiste viennent à l'esprit des pages d'anthologie. Il est celui qui, par son style, rivalise avec les merveilles de la nature, concurrence le peintre, produit de somptueux tableaux d'histoire, peint le monde aux couleurs du moi ou projette son imaginaire vers l'immensité... Ces facettes de son génie ont peut-être pour effet d'occulter certains aspects d'une oeuvre capable aussi de faire entendre une prose du monde qui sourd, semble-t-il, de paysages rétifs à toute « artialisation » et qui ne sont en tout cas ni grandioses, ni exceptionnels, ni exotiques, ni empreints de souvenirs. Les récits de voyage ou les Mémoires accueillent volontiers le style simple et la notation réaliste, qui s'accordent avec un usage du monde : le promeneur qu'est à l'occasion Chateaubriand sait se montrer attentif à ces non-lieux, à ce qui ne paraît pas digne d'être vu ou décrit et qui se révèle à bien des égards essentiel : le détail, l'ordinaire, l'éphémère... Il est alors inspiré par une muse pédestre , si discrète qu'elle parvient à se faire oublier : le style naturel est peut-être un comble de l'artifice, lorsqu'il parvient à effacer totalement les marques de la façon.

 

Sébastien Baudoin : « La confrontation à l'infini : les paysages de l'expansion dans l'oeuvre de Chateaubriand »

 

Travail de thèse en cours à l'Université de Clermont-Ferrand.

 

Chateaubriand trouve dans la confrontation à l'infini le moyen d'éprouver la capacité du langage à transcrire la réalité et à se transcender pour signifier le divin. Les paysages de l'expansion sont alors un mode d'approche pluriel du secret ordonnateur de la nature : dans la vision panoramique, l'espace quadrillé par les points cardinaux permet l'échappée vers l'infini de l'horizon océanique ou céleste ; le tableau de plain-pied, quant à lui, investit le paysage en profondeur, dans le creusement de la rêverie. Mais c'est surtout dans le mode d'appréhension épique de l'espace que Chateaubriand use de l'amplification en donnant à ses paysages de tempêtes, de combats ou d'espaces transcendants la dimension immense qui traduit bien souvent le chaos suivant des modèles bibliques réécrits. Enfin, c'est dans le rapport à l'absolu que l'auteur parvient au plus proche du divin, lors même qu'il sonde les limites du langage dans la peinture des espaces célestes et de leur pendant inverse, ceux de la rêverie, qui dissout les limites du perceptible alors que les premiers étendent jusqu'aux limites de l'infini la bordure du tableau qui tend à s'abstraire dans les abîmes. Dire la démesure, c'est ainsi pour Chateaubriand transcrire un rapport passionné aux paysages et témoigner de sa ferveur divine par le vertige exponentiel et le descriptif flamboyant.

 

Anne-Sophie Morel : «Émergence et formation d'une esthétique de l'horreur dans les Mémoires d'Outre-Tombe : emprunt et création d'images»

 

Thèse soutenue à l'Université de Lyon III le 4 octobre 2007.

 

Défi lancé à Chateaubriand, la violence de l'histoire le conduit à une évolution esthétique. Son oeuvre s'ouvre à la représentation de l'horreur que l'écrivain accepte de transcrire sans l'atténuer - en citant notamment d'autres mémorialistes contemporains. Plus encore, l'étude de l'intertexte homérique et des sources historiographiques, comme l' Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812 de Philippe de Ségur, montre que Chateaubriand n'hésite pas à créer lui-même des images où la violence éclate dans toute sa crudité. Il retravaille ainsi certains motifs dans le sens du réalisme macabre par rapport au texte source : l'étude comparée du soldat réfugié dans le cadavre d'un cheval est sur ce point frappante. Leur insertion dans les Mémoires d'Outre-Tombe passe cependant par une récriture allant dans le sens de la concision et de la condensation. Ce qui ne veut pas dire pour autant atténuation : si l'image se resserre, elle gagne en force et laisse d'autant mieux éclater l'horreur et l'absurdité de la guerre telle que la mène alors Napoléon en Russie. Les sources de Chateaubriand composent ainsi un vaste palimpseste, un réservoir d'images entrant en interférence avec son imaginaire. De cette rencontre entre la mémoire littéraire et la mémoire personnelle, surgissent des motifs, qui, s'ils peuvent paraître convenus ou attendus de prime abord, se nourrissent et s'enrichissent de cet échange fécond.

 

Élodie Saliceto : « L'Italie de Chateaubriand : pistes pour une approche néoclassique »

 

Travail de doctorat (en début de quatrième année) sur la définition d'un néoclassicisme littéraire à travers les enjeux esthétiques de la représentation de l'Italie en France entre les années 1790 et 1820 environ - un parcours de Chateaubriand à Stendhal.

 

Le « néoclassicisme », terme anachronique, se présente comme un concept à forger en domaine littéraire. Dans un premier moment, nous avons tenté de circonscrire et de qualifier une démarche néoclassique à travers ses paradoxes et ses enjeux. Loin de constituer un nouveau classicisme (pure répétition de celui du Grand Siècle), le néoclassicisme définit un autre type de rapport à l'antique - entendu comme forme rythmique de l'Histoire - et fait servir le modèle gréco-romain à une actualisation esthétique et idéologique. La reprise des modèles antiques acquiert un sens nouveau par les interrogations sur la signification du passé et la grande crise de réévaluation temporelle qu'impose la Révolution. « Sous le signe de Janus » (A. Pinelli), le néoclassicisme représente paradoxalement un idéal rétrospectif qui tend à se faire prospectif et « moderne ». Il s'agit bien d'un processus actif et non pas d'une complaisance rétrograde, d'un simple goût antiquisant.

L'Italie devient, en particulier dans les textes de Chateaubriand, l'un des creusets de cette orchestration esthétique qui traduit une approche fondamentalement historique. Nous avons donc, dans un second temps, considéré le Voyage en Italie sous l'angle d'un rêve de reconstitution et d'une mise en scène réflexive. De même que la « démarche néoclassique » opère la synthétisation d'un réel épars, permet de rassembler en définissant des critères esthétiques, le récit suit la trace du paradigme antique perdu et se situe tout autant du côté de la perte, du fragmentaire, que de l'élaboration a posteriori d'un sens. L'écriture de Chateaubriand ne peut plus être que palimpseste mémoriel, trouvant son modèle dans la figure de l'antiquaire en quête d'images effacées.

  

Florence Fournet : « L'Esthétique des lieux à l'épreuve de la transcendance dans l'oeuvre de Chateaubriand »

 

Actuellement doctorante à l'Université de Bordeaux III, Florence Fournet à présente un autre projet en cours.

 

Au XVIII e siècle, Kant théorise et entérine l'autonomie de l'esthétique qui prévaut dès lors comme jugement désintéressé. Il nous semble cependant pertinent de soumettre l'oeuvre de Chateaubriand à l'épreuve de l'ancienne conception de l'esthétique pour laquelle la beauté sensible est un resplendissement métaphysique. L'esthétique des lieux chez l'auteur du Génie du christianisme émane rarement d'un jugement désintéressé : apôtre du merveilleux chrétien, Chateaubriand a une vision du monde enchantée où religion et beauté sont inextricablement liées. Mais cette conception, à l'état de survivance, correspond à une période bien précise, celle de la conversion et du Concordat. Nombreuses sont les oeuvres exprimant le désenchantement et le doute sur une possible épiphanie de Dieu dans le sensible. Le véritable espace, celui qui conduit à la transcendance, est l'espace intérieur de l'homme. Une logique de la profondeur se substitue à une logique de l'élévation. D'où la question du sens et de l'esthétique d'une splendide profusion dépourvue de caution divine. Cette interrogation est à l'origine du sublime romantique, qui se déploie sur les ruines de la transcendance et maintient tout à la fois un regard mélancolique sur quelque chose qui tient de l'infini. L'autonomie de l'ordre esthétique chez Chateaubriand n'est toujours pas consacrée. L'importance de l'articulation entre esthétique et transcendance se lit dans l'ouverture tangible de la description à l'infini, et ce par le biais de ce qui est indéfini . Cependant, la relation des lieux à l'esthétique et au spirituel est loin d'être monolithique et il est nécessaire de l'envisager non seulement dans la diachronie mais aussi dans la synchronie, selon les différents types de lieux décrits. Finalement, les rapports des lieux à la transcendance condensent l'ambivalence fondamentale de l'esthétique de notre auteur.

 

Cristina Romano : « La représentation du paysage entre littérature et peinture dans les premières oeuvres de Chateaubriand »

 

Thèse soutenue à l'Université IULM à Milan, en décembre 2006.

 

Dans son intervention, Cristina Romano a présenté le contenu de sa thèse, La représentation du paysage entre littérature et peinture dans les premières oeuvres de Chateaubriand , soutenue en décembre 2006 (Université IULM, Milan). Tout d'abord, elle a retracé les étapes des « expériences visuelles » du paysage de l'auteur, expériences réelles (relatives surtout à ses voyages), mais aussi littéraires et artistiques : elle a voulu ainsi parler de l'ouverture du « Muséum » du Louvre et des expositions organisées dans les années 1793-1805 à Paris, à Londres et à Rome, que Chateaubriand aurait pu visiter lors de ses séjours dans les capitales européennes. Ensuite, elle a brièvement repris l'analyse de la troisième partie de sa thèse, une réflexion sur la description qui aide à comprendre la fonction et les enjeux qu'elle développe, notamment dans son rapport à la narration, dans les premières oeuvres de l'auteur. Elle a voulu prendre en considération de façon plus détaillée l' Essai sur les révolutions , qui, au-delà du projet historique affiché, présente de nombreuses et intéressantes sections descriptives.

 

La journée s'étant révélée riche et féconde, il a été convenu de renouveler l'expérience l'an prochain.

 

Jean-Marie Roulin 


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET SÉANCE DE TRAVAIL

 

Samedi 17 mars 2007

 

à la Fondation Simone et Cino del Duca

10, rue Alfred de Vigny - 75008 Paris

14 h 30 : Assemblée générale statutaire

 

· Allocution d'ouverture par le Président de la Société, Jean-Paul Clément

 

· Confirmation d'un nouveau membre du Comité directeur à la suite de la démission d'un des membres de ce Comité (article 5 des statuts de la Société)

 

· Rapport moral par le Secrétaire général (activités de l'année 2006 et programme d'activités de 2007)

 

· Rapport financier par le Trésorier (approbation des comptes de l'exercice 2006, quitus donné au Trésorier, budget de l'année 2007)

 

· Discussion et questions diverses relatives aux activités et aux finances de la Société.

15 h 30 : CLXV e réunion de travail

 

· Chateaubriand et le romantisme tchèque, par M. Ales Pohorský, Directeur du département français à l'Université Charles de Prague

 

· Chateaubriand et la Belgique, par M. Bruno Dambermont

 

· Le retour au lieu paternel, un thème obsédant de l'écriture de Chateaubriand, par M. Sébastien Baudoin.